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Échanges mondiaux la Russie domine le marché du blé

Les prévisions d'exportations de blé tendre français régressent en mai 2023 du fait de la compétitivité des grains russes.

La France, qui avait commencé la campagne d'exportation de blé sur les chapeaux de roues, perd des parts de marché face à la Russie. À l’inverse, ses importations de maïs sont en nette hausse, alimentées notamment par les productions ukrainienne et brésilienne.

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En mai 2023, FranceAgriMer revoit à la baisse ses prévisions d’exportations de blé français pour la campagne de 2022-2023, par rapport à ses précédentes estimations d’avril. Elles atteindraient ainsi 10,3 millions de tonnes vers les pays tiers, en baisse de 100 000 tonnes, et près de 6,4 millions de tonnes vers les membres de l’Union européenne, en baisse de 42 000 tonnes.

En cause, la concurrence accrue de la Russie dont la compétitivité est bonne, notamment vers la Chine, et l’afflux de céréales ukrainiennes sur le marché européen, expliquait Adèle Dridi, de FranceAgriMer, à la conférence mensuelle sur les marchés céréaliers de l’organisation, le 17 mai 2023.

Production de printemps

Les premières projections d’exportations pour la saison 2023-2024 tablent toutefois sur une diminution des ventes russes, de 2,5 millions de tonnes. Le pays maintiendrait néanmoins sa position de leader, « avec une récolte de 2023-2024 inférieure au record de la saison précédente, mais toujours sur des niveaux élevés », signalait Marc Zribi.

À ce sujet, Constant Thirouin, consultant pour Piloter sa Ferme, ajoutait plus tôt dans la journée lors d’une conférence organisée par Piloter sa Ferme et Terre-Net, qu’environ 50 % de la production de blé russe provient de blés de printemps récoltés entre la fin d'août et la fin de septembre. « Ce sont des surfaces très importantes avec des rendements faibles, de l’ordre de 1 à 2 tonnes par hectare. La moindre variation de quelques quintaux peut faire varier assez facilement de quelques millions de tonnes la quantité finale russe. Ces produits-là ne sont par ailleurs pas forcément disponibles rapidement sur les ports. Cela dit, la Russie devrait rester au premier plan des exportateurs sur le bassin méditerranéen. »

Jusqu’à son renouvellement le 17 mai 2023, à la veille de son expiration, le doute persistait sur la prolongation du corridor d’exportations de grains ukrainiens. Cette incertitude n’a toutefois pas semblé réellement impacter les marchés, menant à une situation « relativement inattendue », a signalé Marc Zribi, chef de l’unité des grains et du sucre de FranceAgriMer.

Le maïs ukrainien inonde l’Union européenne

En France comme dans l’Union européenne, les importations de maïs sont revues à la hausse devant l’afflux des grains en provenance de l’Ukraine et du Brésil, ainsi que la baisse de la production : pour l’Hexagone, FranceAgriMer les estime à 800 000 tonnes pour 2022-2023, soit une hausse de 64 % par rapport à la campagne précédente. Les prévisions s’établissaient à 750 000 tonnes en avril. Pour l’Union européenne, la hausse serait de 65 % sur un an pour atteindre les 23,6 millions de tonnes, et de 76 % par rapport à 2020-2021, ont présenté Clémence Lenoir, de FranceAgriMer, et Adèle Dridi.

Sur cette campagne, la Pologne fournit plus d’un tiers des importations françaises de maïs. Une situation inédite, « laissant à penser qu’il s’agirait en fait de grains ukrainiens, bien que nous n’ayons pas les outils pour le chiffrer avec précision », détaillait Adèle Dridi.

En Ukraine, malgré un impact ravageur du conflit sur les capacités d’exportation et de production, « on reviendrait à un niveau d’exportation significatif, proche des 20 millions de tonnes, grâce au corridor maritime et à l’initiative européenne de voies d’exportations terrestres et fluviales vers l’Union européenne », ajoutait Marc Zribi.

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